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L’Algérie qualifie la colonisation française de crime d’État : un vote unanime du Parlement qui relance la crise mémorielle avec la France

C’est un vote qui marque un tournant mémoriel et politique majeur. Le Parlement algérien a adopté à l’unanimité une loi qualifiant officiellement la colonisation française de crime d’État.

Un texte fort, à la portée symbolique assumée, qui ravive les tensions entre Alger et Paris et relance un débat historique jamais refermé.

Un vote unanime, un message sans ambiguïté

Mercredi, les deux chambres du Parlement algérien ont parlé d’une seule voix. En qualifiant la colonisation française (1830-1962) de crime d’État, les élus ont voulu envoyer un message clair : la mémoire nationale algérienne n’est ni négociable ni effaçable.

Le texte établit explicitement la responsabilité de l’État français dans les violences commises durant la période coloniale et affirme que ces crimes sont imprescriptibles.

 

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Quels crimes sont visés par la loi ?

La loi dresse une liste précise des actes reprochés à la puissance coloniale, parmi lesquels :

  • les essais nucléaires dans le Sahara algérien
  • les exécutions extrajudiciaires
  • la torture physique et psychologique à grande échelle
  • le pillage systématique des ressources et des richesses

Pour les autorités algériennes, ces faits constituent un socle juridique et moral justifiant des demandes de reconnaissance, de réparation et de restitution.

Excuses officielles et indemnisations : ce que réclame l’Algérie

Au-delà de la qualification juridique, le texte va plus loin. Il affirme que l’indemnisation des préjudices matériels et moraux subis par l’État et le peuple algériens est un droit « inaliénable ».

Parmi les revendications formulées :

  • la décontamination des sites des essais nucléaires français, menés entre 1960 et 1966
  • la restitution des archives nationales et des biens transférés hors d’Algérie
  • des excuses officielles de la part de la France

Autre point sensible : la loi prévoit des sanctions pénales pour toute personne qui ferait l’apologie de la colonisation ou nierait son caractère criminel.

Une portée juridique limitée, mais un poids politique considérable

Sur le plan strictement juridique, la loi n’a pas de portée internationale contraignante. Elle ne peut pas obliger la France à agir ou à indemniser. Mais son impact politique et symbolique est indéniable.

Pour de nombreux observateurs, ce vote marque une rupture dans la gestion du dossier mémoriel entre les deux pays. Il institutionnalise une lecture officielle de l’histoire coloniale et l’inscrit durablement dans le droit algérien.

Un contexte diplomatique déjà explosif

Ce vote intervient dans un climat déjà très tendu entre Paris et Alger. Les relations bilatérales se sont fortement dégradées ces derniers mois, notamment après la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine.

D’autres épisodes ont aggravé la crise, alimentant une méfiance durable et rendant toute avancée mémorielle encore plus complexe.

La mémoire coloniale, un dossier toujours inflammable

La colonisation de l’Algérie reste l’un des sujets les plus sensibles de la relation franco-algérienne. Conquête violente, destructions massives, répressions, guerre d’indépendance meurtrière : les chiffres et les récits divergent encore entre historiens français et algériens, mais la blessure demeure profonde.

Si certains gestes symboliques ont été amorcés côté français ces dernières années, la question des excuses officielles reste un point de blocage majeur.

Un tournant historique aux conséquences incertaines

En adoptant cette loi, l’Algérie affirme une position ferme et assumée sur son passé colonial. Si ses effets concrets restent incertains, son impact politique, mémoriel et identitaire est déjà réel.

Une chose est sûre : le dossier de la colonisation française en Algérie est loin d’être refermé, et ce vote pourrait bien marquer le début d’un nouveau rapport de force entre les deux pays.

Merzouk Mehdi

Journaliste passionné chez Maghreb 24, je m’efforce de proposer une information claire, fiable et vérifiée sur l’actualité du Maghreb. Curieux et rigoureux, je cherche à offrir une vision authentique des enjeux qui façonnent la Tunisie, le Maroc et l’Algérie.

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