
Le débat sur l’enseignement privé en Algérie refait surface avec force. Lors d’une séance de questions orales au Conseil de la Nation, le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Seghir Saâdoui, a livré un discours ferme et sans ambiguïté, dénonçant des pratiques jugées dangereuses pour la crédibilité du système éducatif national.
Au cœur des révélations : des inspections menées dans plusieurs établissements privés ont mis en évidence des dérives préoccupantes. Selon le ministre, certains promoteurs abordent l’école comme une activité purement lucrative, reléguant la mission pédagogique au second plan.
Plus grave encore, des cas avérés de manipulation et de falsification des résultats scolaires ont été relevés, portant atteinte à la valeur des diplômes et à l’égalité des chances entre les élèves.
Face à ces manquements, Mohamed Seghir Saâdoui a annoncé une politique de tolérance zéro. Le ministère entend renforcer les contrôles et donner davantage de prérogatives aux corps d’inspection afin de préserver l’intégrité de l’acte éducatif. Pour les autorités, il s’agit avant tout de protéger un pilier fondamental de la société : l’école.
Pourquoi le gel des nouveaux agréments ?
Interrogé sur la suspension de l’octroi de nouveaux agréments aux écoles privées, le ministre a rappelé un principe central : l’éducation demeure un service public, même lorsqu’elle s’ouvre à l’investissement privé.
Chaque année, le système scolaire algérien absorbe plus d’un million de nouveaux élèves, tandis que les sorties ne dépassent pas les 550 000. Cette pression démographique impose une gestion rigoureuse et cohérente du secteur.
Si l’ouverture au privé, initiée au milieu des années 2000, visait à soutenir l’école publique, des rapports transmis en 2022 ont révélé que plusieurs établissements s’éloignaient du programme officiel.
Ces constats ont conduit à une série de mesures fortes : gel temporaire des nouvelles créations, mise en place d’une commission élargie et rédaction d’un nouveau cahier des charges, actuellement à l’étude au niveau gouvernemental.
Vers une nouvelle orientation du privé éducatif
Le ministre a également esquissé la vision future du secteur privé, conformément aux orientations présidentielles. L’objectif n’est pas de fermer la porte à l’investissement, mais de l’orienter vers des besoins stratégiques.
Le ministère étudie ainsi l’ouverture de nouvelles filières, notamment dans l’informatique, les technologies de l’information et les domaines liés à l’intelligence artificielle.
Aujourd’hui, 628 établissements privés agréés, répartis sur 38 wilayas, poursuivent leurs activités sous l’ancien régime réglementaire, tout en voyant leurs demandes d’extension examinées au cas par cas.
Mohamed Seghir Saâdoui a conclu en appelant les investisseurs à s’engager dans les sciences exactes, assurant que toute initiative sérieuse, respectant la qualité et la souveraineté du programme national, sera encouragée.




